Comment diagnostique-t-on la lèpre ?

Dans les formes classiques, qui représentent la majorité des cas, la présentation clinique caractérisée par les modifications de la peau et des nerfs peut être suffisante.

Plusieurs examens mettent en évidence la présence de M. Leprae :

  • le frottis du suc dermique au lobe de l’oreille ou sur la peau lésée, ou le frottis du mucus nasal. Le suc dermique est le liquide naturellement présent entre les cellules de la peau où se concentre M. Leprae dans les formes multibacillaires, ou lépromateuses
  • la PCR * lèpre, disponible en France et dans certains pays, mais pas à l’échelle mondiale, permettant de détecter de faibles taux de M. Leprae dans la peau, les nerfs ou tout autre tissu du corps
  • la biopsie de peau voire du nerf, permet parfois de détecter directement la présence de bactéries en bâtonnets orientant vers M. Leprae et surtout d’observer les conséquences de l’infection sur le tissu étudié
  • la ponction du liquide de l’œil ou de l’articulation
  • L’électromyogramme, examen réalisé par des neurologues spécialisés, permet d’étudier si l’atteinte de nerfs que présente un patient est compatible avec le diagnostic de lèpre.
biopsie lèpre

L’électromyogramme et la biopsie de peau

* PCR : pour Polymerase Chain Reaction est une technique qui permet de détecter, même en faibles quantités et de manière spécifique, l’ADN de l’organisme que l’on cherche

Si la présentation clinique peut être suffisante pour établir un diagnostic, à ce jour et dans la plupart des services spécialisés, on préfèrera néanmoins documenter l’infection par un prélèvement du suc dermique au lobe de l’oreille et idéalement un prélèvement réalisé dans la lésion cutanée (frottis lésionnel), afin de suivre la diminution de la charge bactérienne au cours du suivi.

Le prélèvement du suc dermique

Prélèvement suc dermique

 

Il consiste à réaliser une fine coupure sur le bord du lobe de l’oreille que l’on pince très fort, afin de récupérer le liquide naturellement présent dans la peau, tout en chassant le sang.

Ce liquide, appelé suc dermique, est alors étalé sur une lame et coloré par une technique spécifique (Ziehl-Neelson) pour être étudié au microscope.

Le frottis du suc dermique peut aussi être réalisé à partir d’un prélèvement de peau atteinte que l’on frotte sur une lame avant d’utiliser le prélèvement pour une analyse au microscope (biopsie de peau), ou porter sur le prélèvement du mucus nasal riche en M. Leprae dans les formes multibacillaires.

L’analyse du frottis du suc dermique étudie au microscope :

  • la présence ou non de BAAR, bacilles acido-alcohol-résistants orientant vers des bacilles de Hansen
  • l’index bacillaire qui correspond à leur quantité sur une échelle de 0 (aucun) à 6 (plus de 1000 bacilles par champ)
  • l’index morphologique qui correspond au pourcentage de bacilles viables. En effet, ces derniers ont une forme de bâtonnet et prennent complétement la coloration tandis que les bacilles non viables (tués par l’immunité du patient ou le traitement antibiotique) ont un aspect fragmenté ou arrondi (globis).
Le PCR de la lèpre

En France, mais aussi dans d’autres pays, nous disposons aussi d’une technique de PCR* de la lèpre, permettant de détecter de faibles taux de M. Leprae dans la peau, les nerfs ou tout autre tissu du corps. Cette technique de PCR permet aussi de rechercher la présence de mutation dans l’ADN de M. Leprae expliquant d’éventuelles résistances aux antibiotiques [ref CNR et ref PCR]. 

Les autres modes de diagnostic

Parfois, la présentation clinique n’est pas typique et le diagnostic est plus difficile à établir. On peut alors être amené, entre autres, à réaliser des biopsies de peau, d’un nerf ou de la muqueuse nasale, une ponction du liquide de l’œil ou de l’articulation, ou un électromyogramme. Si on ne peut pas conclure avec certitude et qu’il n’y a pas de caractère d’urgence, on peut proposer un suivi simple après 6 à 12 mois pour surveiller l’apparition d’éventuels nouveaux éléments. Un traitement d’épreuve antibacillaire peut également être envisagé, même en l’absence de certitude diagnostique, si l’histoire du patient et de sa maladie, et la présentation clinique sont compatibles avec le diagnostic de lèpre.