La lèpre prédomine en Asie du Sud-Est, majoritairement en Inde et en Indonésie. Elle est également présente sur le continent américain, essentiellement au Brésil. La lutte contre la lèpre est menée par l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) mais aussi par des programmes gouvernementaux et des organisations non gouvernementales. En 2000, l’OMS a globalement atteint son objectif de maintenir, à l’échelle mondiale, le nombre de nouveaux cas, en dessous du seuil qualifiant la maladie de « problème de santé publique », (incidence* inférieure à 1 cas pour 10 000 habitants). Cependant l’Inde, l’Indonésie et le Brésil demeurent encore aujourd’hui au-dessus de ce seuil.
Le programme 2016-2020 de l’OMS qui portait sur un diagnostic précoce de la lèpre chez les adultes et les enfants afin de réduire la proportion d’adultes atteints d’invalidité sévère irréversible, et ne plus en avoir chez les enfants, n’a pas atteint son objectif. De même, l’abolition des lois discriminatoires envers les personnes atteintes de la lèpre restait fin 2019 un objectif ambitieux et non atteint, avec encore 127 lois discriminatoires dans 22 pays.
Les défis restent de taille :
Les données de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS)
Les dernières données publiées par l’OMS portant sur l’année 2019 montrent que plus de 200 000 nouveaux cas de lèpre ont été déclarés dans le monde. Les cas pédiatriques (enfants de moins de 15 ans) représentaient 7,4% de ces nouveaux cas (versus 11,05% en 2010), témoignant de la poursuite d’une transmission active de la lèpre, bien qu’en décroissance.
Ces chiffres donnent aussi une idée de la répartition mondiale de la lèpre qui prédomine largement en Asie du Sud-Est, avec 71,3% des nouveaux cas, majoritairement en Inde et en Indonésie. Puis vient le continent américain avec 14,9% des nouveaux cas, observés surtout au Brésil. Sur le continent africain et dans les régions méditerranéenne orientale et pacifique orientale les incidences sont, respectivement, de 9,9%, 2,1% et 1,9%. L’Europe a déclaré 42 cas, soit une part infime de la répartition mondiale. Il existe très probablement un écart important entre le nombre de cas détectés et déclarés, et le nombre réel de nouveaux cas.
Répartition géographique des nouveaux cas de lèpre en 2019 (données OMS)
En France, la lèpre n’est pas considérée comme un problème de santé publique.
Contrairement aux pays à forte prévalence, la France concentre peu de cas, ce qui explique les retards fréquents au diagnostic. En effet, la lèpre est peu connue et peu, voire pas, enseignée aux médecins français durant leur cursus.
Cette faible incidence * et ce manque de connaissance concernent particulièrement la France métropolitaine.
Le dernier très exceptionnel cas de contamination autochtone * a été rapporté en 2009 chez une patiente de 48 ans ayant quitté le Portugal en 1970, soit 39 ans plus tôt (Ezzedine et al, Int J Dermatol. 2009). Les auteurs précisent qu’il restait des foyers de transmissions autochtones en Espagne et au Portugal jusque dans les années 1990.
Les nouveaux cas de lèpre en France métropolitaine sont exclusivement des cas d’importation – c’est-à-dire que la contamination a eu lieu dans un autre pays, souvent de forte prévalence *. Il s’agit donc souvent de personnes migrantes dont la prise en charge peut être entravée par la barrière de la langue, le manque d’accès aux soins, l’absence de couverture sociale, la précarité voire la situation irrégulière sur le territoire français.
En 2019, l’OMS enregistrait pour la France 10 nouveaux cas de lèpre pour 65 millions d’habitants.
Certains territoires d’outre-mer français sont cependant beaucoup plus formés et connaissent des contaminations locales et des incidences* à des taux endémiques.
Camuset et al (Camuset et al PLoS Negl Trop Dis. 2016) ont étudié l’origine des nouveaux cas de lèpre sur l’île de la Réunion entre 2005 et 2013 et rapporté que pour les 25 nouveaux cas collectés durant cette période, 12 cas étaient des patients n’ayant jamais quitté l’île de la Réunion. Cela s’explique probablement par la proximité et la présence de migrants venant de zones de fortes et très fortes endémies que sont Madagascar, Mayotte et les Comores.
A Mayotte, département d’outre-mer depuis 2011, le Dr Tabard, dans son mémoire, a rapporté 475 nouveaux cas de lèpre diagnostiqués entre 2006 et 2015. La majorité (63%) étaient originaires des Comores, suivis par les Mahorais (34%) puis des migrants d’autres régions. En 2015, la prévalence était donc de 3,11 / 10 000 habitants soit au-dessus du seuil de problème de santé publique fixé par l’OMS (1/10 000 habitants).
En Polynésie française, moins de 10 nouveaux cas ont été rapporté entre 2008 et 2018 (Musso et al, New Microbes New Infect. 2019) et aucun nouveau cas rapporté en 2019.
En Guyane française (Domergue et al. Med Trop (Mars). 2008), 90 nouveaux cas de lèpre ont été rapportés entre 1997 et 2006, soit une incidence* de 0,53 cas/10 000 habitants.
En Guyane et aux Antilles françaises, aucun nouveau cas n’a été rapporté par l’OMS en 2019.
* Incidence : nombre de nouveaux cas d’une maladie observés sur une période donnée.
* Endémie : maladie qui sévit en permanence dans une région
* Contamination autochtone : contamination par la maladie sur le même territoire où le diagnostic est porté. Ici la France.
* Prévalence : rapport entre l’ensemble des cas présents ou passés d’une maladie et l’ensemble de la population exposée, à une date donnée.